8 October 2024

Tsurugi (gt.) – Townwork (31.05.2017)

Interview de Tsurugi (Razor) 『Si vous vous donnez à fond dans votre travail, vous obtiendrez toujours quelque chose en retour』【Notre discussion sur le travail Vol.9

 

 

Les artistes et groupes de Visual Kei continuent de fasciner les fans jour et nuit avec leurs rythmes et mélodies sophistiqués. Ils sont actifs sur scène mais ont souvent fait face à de douloureuses expériences qui les ont amenés à grandir. Dans cette série, nous allons creuser dans les expériences de travail passées de ces artistes et les amener à nous parler de sujets qu’ils n’ont jamais abordés.

Nous sommes avec Tsurugi, le guitariste de RAZOR, un groupe formé en Novembre de l’année dernière (2016). Environ 6 mois après la formation, le groupe a déjà sorti un album et se développe chaque jour un peu plus lors de concerts énergiques. Je lui ai demandé de me parler des emplois à temps partiel qu’il a occupés lorsqu’il était plus jeune.

 

« Le premier job de chacun est d’apprendre à connaître la sévérité de notre monde »

 

 

TOWNWORK

Quand avez-vous occupé votre premier job ?

 

TSURUGI

Je crois que j’étais en première année de lycée pour mon tout premier boulot.

 

TOWNWORK

Vous aviez eu une opportunité?

 

TSURUGI

En fait, comme je n’avais pas les choses que je voulais, je me suis dit « je veux travailler et gagner mon propre argent ». Mais là où je suis né et ai grandi, à Shiga, à cette époque, il n’y avait pas le même genre de jobs qu’aujourd’hui comme la distribution de journaux. Ou alors, je n’en avais pas la connaissance et ne savais pas comment chercher des offres d’emploi.

Mon premier job, c’était dans un stand de viande dans un supermarché où travaillaient déjà des amis à moi. Je devais me souvenir des variétés de bœuf japonais, de bœuf importé, la façon de les couper, etc. J’emballais la viande et je la vendais ensuite. Concernant la vente, je n’étais pas très doué et du coup, j’avais tout le temps faim (petit sourire). Pourtant, je faisais vraiment de mon mieux…

Maintenant, quand je réfléchis en me mettant à la place de l’employeur, je pense qu’il se disait « J’achète ton temps de présence ici alors je serai dans l’embarras si tu ne fais pas ton travail correctement. » Mais j’étais jeune, j’avais seulement 16 ans alors je ne comprenais pas vraiment que je recevais de l’argent en échange de mon travail.

 

TOWNWORK

Ah, je ne pense pas que ce soit normal d’aller au travail à contrecœur. De plus, vous étiez trop jeune pour avoir des responsabilités.

 

TSURUGI

Par rapport à mes parents ou mes enseignants, c’était la toute première fois de ma vie que l’on me réprimandait réellement. La personne qui coupait la viande me faisait tout particulièrement peur (petit sourire). Le seul moment où je pouvais souffler un peu, c’était quand cette personne écoutait ses courses hippiques à la radio (rires).

 

TOWNWORK

C’était un petit moment de pause, n’est-ce pas ?

 

TSURUGI

Exactement. Comme j’étais vraiment en colère, je prenais mes pauses en fonction de celles de cette personne, même si mes réactions étaient un peu démesurées… J’ai eu l’impression de découvrir un peu le monde des adultes (rires).

 

« Mon travail dans le service était un peu effrayant mais c’est là que j’ai appris le sens des responsabilités. »

 

 

TOWNWORK

Comment c’était quand vous avez reçu votre tout premier salaire ?

 

TSURUGI

Je me suis senti profondément ému de me dire « c’est l’argent qui provient de mon propre travail ». J’ai appris que le monde peut être sévère et j’avais un pied dans le monde adulte, je pense que c’était une bonne expérience.

Je n’ai pas gardé ce travail très longtemps mais à ce moment-là je me suis dit « Je veux faire un travail qui m’intéresse » et j’ai commencé à travailler dans le karaoké de ma ville natale.

Comme c’était un petit karaoké j’étais seul pour servir les boissons et la nourriture, faire la cuisine, nettoyer les salles et accueillir les clients au comptoir…

 

TOWNWORK

Ca ne faisait pas trop de responsabilités ?

 

TSURUGI

Je n’avais pas tant de travail que ça. Je m’occupais aussi de la caisse et j’étais heureux d’avoir cette responsabilité. Même si nous étions dans une zone rurale et peu urbanisée, c’était une période où les salles de karaoké étaient vraiment populaires. Les gens venaient nombreux les week-end, c’était vraiment difficile d’être seul. J’avais le sentiment que si je me donnais à fond, les gens étaient reconnaissants.

 

TOWNWORK

C’était après l’obtention de votre diplôme, au lycée ?

 

TSURUGI

Non, c’était toujours pendant le lycée, j’avais encore cette peur de recevoir trop de responsabilités. Par exemple je me demandais « Est-ce que je ne vais pas offenser les clients ? ». Et quand j’étais malade, c’était un problème parce que je n’avais pas de remplaçant. Il y avait d’autres personnes qui travaillaient au même endroit que moi mais sur mon emploi du temps, j’étais seul.

 

TOWNWORK

Votre sens des responsabilités s’est vraiment amélioré, non ?

 

TSURUGI

Oui. C’était vraiment différent de mon quotidien d’étudiant. Je pense que ma vision du monde s’était élargie.

 

« Travailler avec des collègues chaleureux, c’était beaucoup plus amusant »

 

 

TOWNWORK

Avez-vous travaillé un moment dans cet endroit ?

 

TSURUGI

Après ça, j’ai rejoint le groupe RAZOR et avant ça, Sadie (pour l’instant en pause). J’ai donc déménagé à Osaka où était basé le groupe et je me suis installé dans  un appartement, seul. A ce moment-là, j’ai recommencé à travailler dans un autre karaoké.

Comme c’était la zone commerciale d’Osaka, même si j’expliquais bien le système aux clients, il y en avait toujours qui ne comprenaient pas. Il y en avait aussi qui étaient ivres ou agressifs alors c’était vraiment difficile (petit sourire).

 

TOWNWORK

A ce moment-là, comment avez-vous surmonté cette situation ?

 

TSURUGI

En discutant avec des gens qui ont su m’encourager…  C’était d’autres employés de la boutique, mais ça m’a aidé quand même. Ils ont décidé que je resterais majoritairement dans la rue pour attirer les clients à l’intérieur. Je tenais le panneau avec la liste des tarifs.

A ce moment-là, je pensais « Je dois gagner de l’argent pour le groupe ! » alors je faisais de mon mieux pour attirer un maximum de clients à l’intérieur les vendredis et samedis, en donnant de la voix pour héler les passants.

 

TOWNWORK

Il ne faut pas seulement ramener des gens mais aussi s’assurer que le karaoké dispose de salles suffisamment grandes, n’est-ce pas ?

 

TSURUGI

Exactement. Même si une grande pièce était libre, je ne pouvais pas me permettre de n’y mettre que deux personnes. En restant en contact avec mes collègues à l’intérieur, je m’informais de combien de salles il restait et desquelles il s’agissait et je négociais avec les clients. On m’avait donné la permission de négocier des réductions et j’avais de bons résultats niveau rendement.

 

TOWNWORK

On vous faisait vraiment confiance pour ce travail. Cependant, vous étiez dehors et deviez interpeller des inconnus, vous n’avez pas été un peu réticent au départ ?

 

TSURUGI

Si, au départ je me sentais vraiment mal à l’aise. Mais au final, je m’y suis habitué et ce n’était pas si désagréable que ça. Ce karaoké était grand et je me suis fait beaucoup d’amis parmi mes collègues. Nous travaillions tous mais ils étaient chaleureux, c’était agréable…

 

TOWNWORK

Chacun d’entre eux accomplissait son travail avec fierté, n’est-ce pas ?

 

TSURUGI

Exactement. Alors même si je travaillais beaucoup, je donnais mon maximum avec eux.

 

« 6 mois à travailler à temps partiel en parallèle du groupe était la limite de mes possibilités »

 

 

TOWNWORK

Et en même temps, vous étiez motivé par des pensées fortes du genre « Je veux accomplir mes rêves avec le groupe ! » ou bien « Je dois gagner de l’argent pour le groupe ! »

 

TSURUGI

Oui. Le groupe est devenu vraiment sérieux environ 6 mois après nos débuts alors j’ai dû arrêter de travailler au Karaoké.

 

TOWNWORK

Ce n’était pas difficile de faire la part des choses entre votre travail et le groupe ?

 

TSURUGI

Avant de commencer Sadie, alors que nous cherchions encore des membres, je travaillais dans un combini en plus du karaoké alors je n’étais plus à ça près.

 

TOWNWORK

A ce moment-là, est-ce que vous saviez déjà à quel point être dans un groupe coûte cher ?

 

TSURUGI

J’en étais conscient, à cette époque j’étais inquiet de savoir comment j’allais payer mon loyer (rires). Quand le groupe a commencé, je me suis demandé quel genre de vie j’allais avoir. C’est pour ça que j’avais désespérément besoin d’un job à temps partiel.

Evidemment, faire les deux en même temps était vraiment difficile. Parfois, je travaillais au karaoké la journée, de midi à 20h, je me reposais seulement deux heures et je travaillais avec le groupe de 22h à 8h le lendemain matin pour ensuite retourner au karaoké de midi à 16h… Ce genre de choses.

 

TOWNWORK

Vous n’aviez aucun moment pour dormir.

 

TSURUGI

N’est-ce pas? Mais comme je travaillais beaucoup, j’arrivais à gagner de l’argent (petit sourire). Mais pendant les horaires du soir, je somnolais à longueur de temps. Une fois, au combini, je devais ouvrir un paquet de boissons, mais comme je n’étais pas concentré, j’ai donné un coup de cutter dans les bouteilles et tout le contenu s’est déversé sur le sol.

A ce moment-là je me suis dit « j’ai atteint mes limites, je ne peux pas me permettre de causer plus de problèmes au magasin ». En même temps, je me suis dit « Tu ne peux pas te détruire la santé pour un job à temps partiel ». Six mois plus tard, j’ai quitté mon emploi au combini.

 

TOWNWORK

Vous avez quand même tenu bon encore 6 mois.

 

TSURUGI

J’ai une grosse force mentale, je suppose (rires).

 

TOWNWORK

Cette force mentale est idéale quand on fait partie d’un groupe.

 

TSURUGI

Pour aller loin, oui.

 

TOWNWORK

En plus de ça, est-ce que d’autres expériences professionnelles vous ont marqué ?

 

TSURUGI

J’étais encore au lycée mais j’ai aussi travaillé à temps partiel dans un restaurant de sushis pendant deux ans. C’était une expérience amusante. J’avais un couteau à sashimi en cuisine et on me laissait couper le poisson. En plus, on pouvait manger du poisson pour le repas offert par l’entreprise et c’était vraiment bon de manger des sushis pendant la pause (rires). Je travaillais avec d’autres étudiants et ça ne m’a laissé que de bons souvenirs.

 

TOWNWORK

Est-ce, quelque part, avoir eu autant d’expériences professionnelles est un atout pour votre activité musicale ?

 

TSURUGI

Ça n’a pas de rapport direct, mais ça m’a appris à faire les choses de façon instinctive.

 

TOWNWORK

Qu’est-ce que vous pourriez dire à une personne qui cherche à commencer à travailler à temps partiel aujourd’hui ?

 

TSURUGI

Le mieux, c’est de trouver ce qui vous correspond le mieux, ou un travail dans lequel vous pourrez vous amuser.

 

TOWNWORK

Se lancer des challenges, c’est la meilleure façon de faire de son mieux.

 

TSURUGI

Exactement. Si vous vous investissez à fond sans penser « c’est juste un petit boulot » vous profiterez vraiment à fond et vous ne pourrez en retirer que du positif.

 

Source : https://townwork.net/magazine/serial/c_oretachi/41000/

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